Publié le 01/02/2021

Un article d’Alexandra Turpin. Extraits diffusés avec l’aimable autorisation d’AEF

Le gouvernement a annoncé 200 000 Garantie jeunes pour 2021. Quelles sont les conditions pour y parvenir ?

Cela représente un doublement du nombre d’entrées. Pour cela, il faut d’abord ouvrir les critères d’entrée, pour que davantage de jeunes soient concernés. C’est en cours. Il s’agit d’assouplir les critères sur le rattachement à un foyer fiscal non imposable et sur la catégorie de « Neets ». Cela permettrait de faire rentrer des jeunes qui ont des petits boulots.

Deuxièmement, il faut avancer sur la dématérialisation. Pour entrer en Garantie jeunes, il faut beaucoup de papiers. Pendant le confinement, une dématérialisation a été mise en place et cela fonctionnait bien. Nous pourrons être plus réactifs quand le jeune en a besoin : certains jeunes attendent leurs allocations depuis octobre. Cela permettra également de gagner du temps pour les conseillers, afin qu’ils se recentrent sur leur cœur de métier. À Vitré, le travail administratif représente 0,5 ETP sur les 13 ETP de la Mission Locale.

Troisièmement, les Missions Locales vont devoir recruter et former rapidement les conseillers. Les conseillers en insertion sont, habituellement, formés pour accompagner individuellement les jeunes. Depuis la Garantie jeunes, il y a une phase collective et ce n’est pas la même approche. Nous avons des conseillers démultiplicateurs, qui forment dans toute la France.

Enfin, il y a la question des locaux. En raison des conditions sanitaires, les jeunes sont moins nombreux au sein des groupes. Pour démultiplier les cohortes, il faut des locaux supplémentaires. J’ai demandé au gouvernement de faire une communication auprès des élus locaux. Les Missions Locales vont aussi demander aux élus locaux de les soutenir.

Est-ce que le plan « Un jeune, une solution » permet de couvrir tous les besoins ?

Nous n’avons jamais eu autant de crédits alloués aux Missions Locales. Il y a 200 000 Garantie jeunes, mais aussi des crédits sur le Pacea, les PEC… Il y a beaucoup d’accompagnements possibles et nous sommes prêts.

Nous pouvons faire mieux pour le « repérage des invisibles ». Ce n’est pas un sujet nouveau, il était déjà traité dans le PIC. Mais nous pouvons aller plus loin. Les Missions Locales doivent aussi favoriser les liens avec l’ASE (Aide sociale à l’enfance). Il faut se rapprocher des départements pour que les travailleurs sociaux se coordonnent davantage avec les Missions Locales. C’est le sens de la convention signée fin 2020 (lire sur unml.info.) […]

La situation des étudiants nous préoccupe tous.[…] Les Missions Locales ne sont pas là que pour les jeunes éloignés de l’emploi. Elles peuvent aussi être une porte d’entrée pour les décrocheurs de l’enseignement supérieur. En temps normal, on comptabilise un tiers de décrocheurs. Nous n’avons pas de chiffres sur le décrochage cette année et nous n’avons pas le système d’information pour le connaître. Au contraire des décrocheurs de l’Éducation nationale et de l’obligation de formation pour les 16/18 ans.

Sur quoi va aboutir le service public de l’insertion ? Comment y sont associées les Missions Locales ?

Pour le service public de l’insertion et de l’emploi, l’enjeu sur les territoires est de coordonner la communauté des acteurs (de l’orientation, de la formation, de l’emploi, les entreprises, l’accompagnement social…) pour avancer sur le sujet de l’insertion. Des expérimentations sont en cours, notamment en Bretagne.

Il vient répondre au manque d’accompagnement et de coordination. J’avais travaillé, dans le cadre de la préparation du plan de lutte contre la pauvreté, sur le non-recours, les indus et la fraude. […]

Cela fait presque 40 ans que les Missions Locales sont le service public de l’insertion et de l’emploi pour les jeunes. Ils sont accompagnés par un référent unique, qui se cordonne avec les différents acteurs de la santé, du logement, de la mobilité, de l’accès aux droits. L’idée est de reproduire cela pour tout le monde, y compris les bénéficiaires du RSA. Les Missions Locales sont parties prenantes du SPIE, comme exemple et comme acteur privilégié.

Il va falloir suivre le déploiement du plan jeunes. Le SPIE va être une réponse locale, un observatoire pour identifier si les mesures fonctionnent, ce qu’il faut améliorer et si on a oublié des profils de jeunes.

« une plateforme d’informations pour tous les jeunes »

« Nous devons avancer sur l’information sur les droits et la lutte contre le non-recours » et « Il y a beaucoup de choses qui existent et les jeunes ne le savent pas forcément », poursuit Christine Cloarec-Le Nabour.

Elle salue les initiatives lancées dans le cadre de la « Boussole des jeunes ». « La plateforme ‘un jeune, une solution’ propose des réponses mais uniquement pour la formation et l’emploi tandis que la boussole aborde aussi la santé et le logement », précise-t-elle. Cela nécessite des moyens et la coordination des acteurs pour être réactifs face aux demandes et questions des jeunes. « Le SPIE peut être une première étape mais il faudra aller plus loin vers une plateforme d’information pour tous les jeunes », conclut l’élue.

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