Publié le 02/04/2024

Ressources bibliographiques

Définition du jour : Controverse

Au-delà de l’aspect contradictoire ou litigieux qu’elle induit, la controverse désigne une « discussion argumentée » voire un « art du débat »*.

L’analyse de la controverse dans le domaine des sciences et technique nous éclaire**. Cela va au-delà d’« une situation de désaccord, de conflit ou de divergence qui oppose plusieurs acteurs autour d’un ou de plusieurs enjeux ». Afin d’en faire des « occasions de participation », il est pertinent de les comprendre comme « des espaces de discussion et de réflexion collective » autour d’enjeux communs pouvant, de prime abord, réunir des opinions contradictoires.

Une controverse peut être imagée par un nœud qui met en tension des idées contradictoires et la discussion argumentée autour de cette tension permet de la réduire ou de la résoudre.

Vulgarisation d’un concept : Concensus/dissensus

La participation doit-elle avoir pour unique but le consensus ?

La mise en œuvre de la participation comporte inévitablement des « visions orientées »*. Il faut en tenir compte, les questionner pour les assumer ou les faire évoluer. L’opposition consensus/dissensus peut y aider.

En effet, quand il s’agit de participation, le couple consensus/dissensus est au cœur des rencontres. L’analyse approfondie de ces antonymes permet d’explorer les idées associées à cette notion capitale.

Les notions « consensus/dissensus » peuvent être respectivement décomposées car leur sens sont pluriels. Faisons un peu de sémantique :

  • Le consensus n’est pas nécessairement un alignement. Dans un sens premier, le consensus désigne l’approbation entre les partie prenantes (Consensus 1). Son second sens, plus subtil, désigne l’intercompréhension (Consensus 2). Autrement dit, « saisir les raisons d’acquiescer » sans nécessairement le faire.
  • Le dissensus peut désigner un désaccord tranché qui clarifie les divergences d’opinion (Dissensus 1). Cela ne s’accompagne pas forcément d’un conflit. La mésentente est une source productive d’engagements et de débats.

Et c’est dans cet espace de débat que le second sens du dissensus se trouve. Il désigne la reconnaissance d’une mésentente et/ou la mise en débat des opinions (Dissensus 2). Pour que le dissensus soit productif, il est nécessaire d’organiser une participation qui remet en question les rapports sociaux de domination. Certains penseurs (tel que le philosophe et sociologue Axel Honneth) vont même jusqu’à défendre une émancipation par la critique et donc par le dissensus.

Nous retrouvons donc une opposition de premier niveau entre accord (C1) et désaccord (D1). On comprend ainsi que participation ne rime pas exclusivement avec « accord » (C1) puisque le désaccord (D1) explicite ou implicite témoigne du fait que la personne se sente concernée.

Nous retrouverons une seconde opposition dans les contextes qu’engagent respectivement le consensus et le dissensus : intercompréhension (C2) et mésentente incontournable menant le débat (D2). La reconnaissance de cette mésentente (D2) contribue à alimenter la conversation démocratique et la fabrique de la participation : « la démocratie tient sa vitalité même de la mésentente ». Néanmoins, il semble qu’une intercompréhension (C2) soit nécessaire à la participation de tous.tes.

Participation et accord ne sont pas des synonymes, c’est un raccourci fréquemment emprunté. Si nous devions retenir un élément fondamental pour notre démarche de recherche-action collective sur la participation ce serait l’existence d’une « variété des usages participatifs ».

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