Publié le 25/04/2024

La Semaine européenne de la jeunesse (SEJ) est un événement biennal organisé par la Commission Européenne pour promouvoir l’engagement des jeunes et la citoyenneté active en Europe. Elle sensibilise à la participation des jeunes à la prise de décision, favorise le dialogue entre les jeunes et les décideurs politiques et met en valeur les talents et les projets des jeunes européens.

Pouvez-vous vous présenter ?

Sam Rivière : Je m’appelle Sam Rivière, j’habite à la Réunion depuis plus de 10 ans et je suis accompagné par la Mission Locale Sud Réunion depuis 2018. Cela a commencé en 2022, j’étais intéressé par ces questions de mobilité à la suite d’une information collective. J’ai ainsi pu vivre plusieurs expériences de ce type : une première en échange de Jeunes Erasmus+ avec une semaine en Espagne, à Jerez de la Frontera, une deuxième à Saint-Martin (dans la partie néerlandaise) et une dernière à la Réunion où on a accueilli les équipes participantes de cet échange. J’ai ensuite effectué un volontariat de deux mois en Espagne, à Jerez de la Frontera l’année dernière.

Nicolas Honorine : Pour ma part, cela fait 18 ans que je travaille à la Mission Locale Sud Réunion. Depuis 2016, je suis responsable de secteur et en charge de la coordination du service mobilité. Notre structure est la plus active de la Réunion sur le sujet mobilité européenne et internationale, ce qui a amené d’autres Missions Locales de l’Île à nous rejoindre pour mettre en œuvre des projets de mobilité tant à destination des professionnels que pour les jeunes. C’est une thématique qui nous est très chère, nous avons à cœur de la faire vivre. Ainsi en 2022, 350 jeunes de la zone sud de la Réunion ont ainsi participé à une action de mobilité.

Quel est l’origine de cet intérêt pour la mise en œuvre des projets de mobilité ?

N.H : Il faut remonter dans les années 2004-2005, à l’époque, mon prédécesseur était très investi au niveau local avec les DRAJES (Délégations régionales académiques à la jeunesse, à l’engagement et aux sports) sur les anciens programmes de mobilité (« Jeunesse en actions »). Il y avait tout un volet axé sur les échanges interculturels et la participation des jeunes. On a pu ainsi découvrir et s’essayer à ce type d’initiatives, et puis, au fil des années, nous avons construit d’autres actions périphériques comme le volontariat européen. On avait cette volonté de monter des projets et de nouer des contacts avec des partenaires, ce qui nous a permis de proposer dès 2008-2009 des stages professionnels. En résumé, c’est parti d’une volonté de faire découvrir la culture de la Réunion à des jeunes de l’Union Européenne et, au fil des années, à la vue des opportunités que cela offrait pour les jeunes, on a bâti une véritable stratégie de développement et promotion de la mobilité qu’elle soit à destination des jeunes ou des professionnels réunionnais.

Pouvez-vous revenir sur le processus qui a permis à Samuel de participer à cette journée ?

N.H : Suite à la participation en février de l’UNML à un événement organisé par la Commission européenne, auquel des jeunes de Missions Locales ont participé, la Commission s’est de nouveau adressée à l’Union pour inviter un jeune du réseau à l’événement de lancement de la Semaine. Connaissant notre dynamique sur Erasmus+, l’UNML nous a sollicités. Cela a été très rapide, en 48h nous avions pu recueillir la candidature de Samuel.

S.R : Suite à mes précédentes expériences, j’avais à cœur de participer à cet événement, pour partager mon expérience et découvrir d’autres nouveautés. Au moment de la sélection, j’étais en concurrence avec une autre personne. J’ai donc envoyé ma candidature avec un CV, ma lettre de motivation et un petit montage avec des photos des mes précédentes expériences de mobilité. De ce que j’ai pu comprendre, mon parcours a été déterminant dans la sélection et notamment le fait que j’ai, peut-être, eu moins d’opportunité au niveau emploi et formation. Je pense qu’ils avaient envie de montrer que malgré cela, on peut être investi et avoir quelque chose de pertinent à apporter.

N.H : Oui, on sentait qu’ils souhaitaient laisser s’exprimer un jeune qui n’avait pas forcément le « bagage études » mais qui disposait déjà de plusieurs belles expériences de mobilité internationale. Cela a aussi permis de mettre en lumière notre activité. On a notamment eu la chance d’avoir une belle promotion avant son départ avec des interviews et un reportage à la Mission Locale réalisé par Réunion 1ere.

Peux-tu nous faire le récit de cette journée à la Commission européenne ?

S.R : La journée a débuté avec la rencontre des autres représentants des pays participants, il y avait des communicants d’Erasmus et un groupe d’EuroPeers (jeunes ayant effectué des mobilités européennes). On a ensuite assisté aux discours des institutionnels pour l’ouverture de la semaine avant de démarrer les activités de la journée. J’ai pu assister à trois ateliers : un sur Erasmus, un autre sur l’écologie et un dernier sur l’entreprenariat en Erasmus. Cela m’a permis d’en apprendre plus sur les opportunités offertes par l’Europe. J’avais aussi à cœur de faire savoir que la Réunion fait partie de l’UE, même si on se sent invisibilisés et que peu de personnes, à l’échelle de l’Europe, savent que notre Ile existe. J’ai ainsi essayé de faire remonter les problématiques rencontrées par les jeunes réunionnais notamment sur ces questions de mobilité.

J’ai également pu échanger avec des personnes en charge d’Erasmus ainsi qu’avec les autres jeunes participants, c’était intéressant car on a pu partager nos expériences et les opportunités rencontrées par chacun. Cela donne des idées de futurs projets. Au final, je pense que j’ai tiré le meilleur parti de cette belle expérience.

A titre personnel, qu’est-ce que ces différentes expériences de mobilité t’ont apporté ?

SR : C’est difficile quand on est un jeune réunionnais de se dire qu’on a la possibilité d’entreprendre ce type de projet et de partir aussi loin de son île. J’avais du mal à y croire mais au final je me suis impliqué dans ces projets de façon très personnelle. C’était à chaque fois des expériences passionnantes et très enrichissantes. J’ai rencontré pas mal de difficultés après mes années de lycée pour trouver ma place. Participer à ces projets m’a forcé à prendre des initiatives, à aller contre les incertitudes. Au final, ce n’est que du positif tant sur le plan personnel que professionnel, j’ai pu me faire des contacts, nouer des amitiés fortes. On développe aussi une soif d’apprendre et un regard différent sur l’autre.

Au niveau professionnel, j’appréhende mieux les opportunités qui peuvent s’offrir à moi et comment je peux atteindre mes objectifs. A court terme, je souhaite entreprendre un nouveau volontariat, puis peut-être, plus tard, monter une entreprise dans le marketing avec l’idée de pouvoir travailler tout en voyageant. Mes expériences m’ont permis de voir que c’était possible.

Au final, c’est énorme ce qu’ont pu m’apporter mes expériences de mobilité internationale.

Quels sont les apports de la mobilité dans le parcours des jeunes accompagnés en Mission Locale ?

N.H : Il suffit de voir tout ce que Samuel, un jeune réunionnais qui vit dans un territoire reculé, a vécu en l’espace de trois ans pour comprendre l’intérêt de la mobilité. L’apport principal est avant tout cette possibilité de se projeter, de découvrir ce que l’on a envie de faire, que ce soit à titre personnel ou professionnel. C’est l’ensemble de ces questionnements qui vont permettre au jeune d’évoluer et ensuite, nous pouvons capitaliser sur ses envies avec d’autres actions parallèles. La mobilité n’est pas une finalité, c’est le déclencheur d’une évolution, d’envies et de projets.

C’est pourquoi il faut prendre en considération son importance et que les Missions Locales s’engagent davantage sur les actions en faveur de la mobilité internationale. Il est vrai que cela nécessite du temps et une ingénierie à développer quand on se lance dans la mobilité européenne. Je pense qu’il peut être intéressant de mutualiser nos pratiques sur cette thématique, il y a beaucoup de Missions Locales à la pointe sur la question de la mobilité, il ne faut pas qu’on hésite à travailler ensemble afin de monter de nouveaux projets pour les jeunes que nous accompagnons. C’est le message que nous souhaitons faire passer.

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