Publié le 05/05/2025

Pourriez-vous présenter votre parcours ? Quels sont vos grands objectifs et ambitions en tant que présidente de l’Agence du Service Civique ?

Je préside l’opérateur de l’Etat qu’est l’Agence du Service Civique depuis décembre 2022, après vingt ans passés dans le monde associatif, depuis le réseau Animafac, dont j’ai participé à la fondation lorsque j’étais étudiante, à la présidence de l’organisation représentative qu’est le Mouvement associatif. Mettre l’engagement au cœur des organisations d’intérêt général est certainement le fil conducteur de mon parcours.

Avec le Service Civique, créé en 2010, notre pays a appelé sa jeunesse à consacrer une étape de vie à l’engagement pour renforcer la cohésion républicaine. En 15 ans, 850 000 jeunes ont réalisé une mission de Service Civique dans des services publics et dans plus de 20 000 associations. Poursuivre cette ambition, œuvrer pour que cet engagement soit encore plus « utile aux jeunes et utile à la société » -selon le slogan initial- est une mission extrêmement stimulante.

Selon vous, qu’est-ce que le Service Civique peut apporter pour un.e jeune dans son parcours global vers son insertion sociale et professionnelle ?

Le Service Civique offre la possibilité à tous les jeunes de 16 à 25 ans (30 ans en situation de handicap), sans aucun prérequis de diplôme ou de qualification, de réaliser une mission d’intérêt général longue (6 à 12 mois), intensive (24 heures hebdomadaires en moyenne) et indemnisée (au moins 620€). Les jeunes peuvent s’engager dans dix domaines d’action : agir en faveur de la transition écologique (par exemple dans une recyclerie) ou pour la solidarité intergénérationnelle (par exemple en accompagnant des seniors pour des activités collectives ou autour de leur domicile, pour des courses ou des balades, avec un effet bénéfique sur leur santé physique et mentale). Les jeunes sont accueillis par des associations ou des services publics : établissements scolaires, hôpitaux, tribunaux etc. Ils bénéficient de l’accompagnement d’un tuteur pour leur mission mais aussi pour leur projet d’avenir, et documentent, grâce à la plateforme DiagOriente, un CV de compétences qui témoigne des compétences acquises.

De fait, les actions très diversifiées réalisées dans le Service Civique, le bon équilibre souvent trouvé entre un cadre sécurisant et la valorisation de l’autonomie et, surtout, la motivation que crée le sentiment d’être utile, en font une expérience très valorisable pour l’insertion professionnelle, en particulier pour les jeunes les moins qualifiés. Le baromètre que nous avons réalisé l’an dernier avec IPSOS sur la perception du Service Civique par les DRH montre que 57% d’entre eux perçoivent le Service Civique comme un moyen pour les jeunes d’acquérir de l’expérience et 69% estiment que mentionner le Service Civique sur son CV est un avantage. Les recruteurs apprécient, en particulier, les qualités développées comme l’adaptation et la capacité à collaborer avec les autres.

Quels sont les enjeux et les objectifs 2025 pour le maintien du Service Civique ?

Le Service Civique fête ses 15 ans et son succès est indéniable. Chaque année, c’est plus d’un jeune sur dix qui s’engage.

Encore faut-il que les missions proposées continuent de répondre à leurs aspirations. C’est pourquoi, nous avons créé, en 2025, un Service Civique écologique pour développer et diversifier les missions participant à la transition écologique. En effet, près de 4 jeunes sur 5 (79%) se disent préoccupés par les crises environnementales, contre 52% des 30-45 ans. Ils sont nombreux à penser que s’engager dans une association environnementale est très important (59%). Toutefois, seuls 9% sont engagés.

Plus généralement, nous devons faire évoluer le Service Civique pour qu’il prépare mieux encore les jeunes qui s’y engagent aux risques et menaces qui pèsent plus fortement sur nos sociétés, et qui les inquiètent légitimement. Un an après la fin de leur mission, 73% des jeunes nous disent avoir gardé des liens avec leur structure d’accueil. C’est encourageant mais cela tient à la volonté de chaque organisme. Faisons en sorte de préparer collectivement l’après-Service Civique en outillant les jeunes, dès le cours de la mission, et en leur proposant après, des suites concrètes, à la hauteur des enjeux. Cela reste devant nous.

Quelles sont vos attentes vis-à-vis des Missions Locales dans le cadre de votre feuille de route stratégique ?

Les Missions Locales ont toujours été un acteur essentiel du Service Civique. Elles ont largement contribué, dans les années 2000, à la conception du « Service national à la Française » qui, rappelons-le, s’est inspiré de l’expérience de l’association UnisCité et des services nationaux italiens et allemands, mais s’est aussi nourri de l’éducation populaire et de l’accompagnement individualisé des jeunes développé par les Missions Locales, en particulier pour « l’accompagnement au projet d’avenir ».

Depuis, les Missions Locales ont été au rendez-vous en accueillant elles-mêmes chaque année, dans des associations ou collectivités partenaires, autour de 3 000 volontaires, et en contribuant activement à l’accessibilité du Service Civique en orientant les jeunes vers le Service Civique comme une des solutions dans leur parcours. Cela concerne, chaque année, autour de 25 000 jeunes.

L’intégration du Service Civique comme l’une des « solutions structurantes » du Contrat d’engagement jeune (CEJ) représente la dernière étape de cette collaboration fructueuse.

Ainsi, les conseillers et conseillères des Missions Locales, et plus généralement du Service public de l’emploi, peuvent orienter les jeunes vers une mission de Service Civique, tout en continuant de les suivre pendant leur mission, et en reprenant le relais le cas échéant. Nous avons à cœur de réaliser tout le potentiel que représente cette articulation Service Civique et CEJ et, plus généralement, de poursuivre notre collaboration au service des jeunes les plus fragiles.

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