Publié le 28/10/2021

Un article d’Alexandra Turpin / AEF, diffusé avec leur aimable autorisation

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Photo : Élisabeth Borne, ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, devant la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale, mardi 26 octobre 2021. Capture d’écran / Assemblée nationale.

« Notre budget 2022 entend conforter la reprise et investir dans les compétences nécessaires à l’avenir du pays. Il poursuit plusieurs objectifs : accompagner le redémarrage de l’économie en répondant aux difficultés propres à chaque secteur ; donner une place à chacun sur le marché du travail pour que la relance soit inclusive ; et préparer les compétences de demain pour conforter la place de la France dans l’économie mondiale », résume Élisabeth Borne, mardi 26 octobre 2021, lors de son audition sur le PLF 2022 par la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale saisie pour avis.

« Au total, ce sont 16,6 milliards d’euros qui sont consacrés aux politiques de l’emploi et de la formation », explique la ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, reconnaissant auprès des parlementaires, la complexité de lecture d’un budget réparti au sein de plusieurs programmes. « Ces crédits sont répartis entre un budget socle de 13,4 Md€ [en CP dans la mission Travail et emploi] qui pérennise l’augmentation de l’année passée et un budget ‘Relance’ de 2,7 Md€ pour poursuivre l’élan. En complément, nous disposons de 500 M€ supplémentaires pour financer l’effort de relance au titre de nos actions socles [pour Pôle emploi et la formation] », détaille la ministre.

« 1 jeune, 1 solution » et « contrat d’engagement »

« Le PLF 2022 prolonge notre ambition pour la jeunesse en capitalisant sur le succès du plan ‘1 jeune, 1 solution' », affirme Élisabeth Borne. Après « 9 Md€ déployés en 2020 et 2021 », « le PLF consacre plus de 4 Md€ à la poursuite des dispositifs du plan que ce soit au titre de l’accompagnement vers l’emploi, des formations qualifiantes ou des aides à l’alternance ». Le budget du ministère du Travail est toutefois appelé à être revu à la hausse pendant le débat budgétaire, notamment grâce aux crédits supplémentaires annoncés dans le cadre du plan d’investissement France 2030 sur 2022-2027 ou du nouveau plan d’investissement dans les compétences sur 2021-2027.

En outre, sans en préciser ni les détails, ni les moyens, la ministre évoque le futur dispositif destiné aux jeunes les plus éloignés de l’emploi, tel qu’esquissé par le président de la République, lors de son allocution radiotélévisée du 12 juillet dernier. « Des centaines de milliers de jeunes éloignés de l’emploi ne sont pas capables de trouver un emploi sans accompagnement intensif », constate la ministre. « Nous devons bâtir un accompagnement personnalisé qui mobilise les dispositifs qui ont fait leur preuve ; le tout assorti d’une allocation pour celles et ceux qui en ont besoin. Il s’agira d’un contrat d’engagement exigeant, reposant sur des engagements réciproques avec pour objectif d’encourager l’insertion professionnelle dans les entreprises », ajoute-t-elle.

Inspection sur l’apprentissage dans le supérieur

Interrogée par ailleurs sur l’apprentissage, Élisabeth Borne confirme qu’il est probable que le nombre d’entrées de l’an dernier soit dépassé cette année. Le rapporteur pour avis de la mission Travail et emploi, Bernard Perrut (LR, Rhône), s’inquiète de la part croissante de diplômés du supérieur en apprentissage au risque de détourner le dispositif « de l’objectif d’insertion des jeunes les plus en difficulté ». En guise de réponse, Élisabeth Borne indique qu’avec Frédérique Vidal, la ministre de l’Enseignement supérieur, elles ont « commandité une inspection conjointe pour mieux comprendre quels sont les impacts des financements dans les universités et les écoles et s’assurer que nous utilisons au mieux nos ressources ».

« Ce dont je suis certaine, c’est qu’il va falloir continuer à amplifier les efforts pour attirer les jeunes vers des formations de l’artisanat, de l’industrie, du bâtiment… Cela reste des métiers insuffisamment connus, vers lesquels il faut, avec les branches et les régions, donner envie d’aller », ajoute-t-elle.

Politiques d’insertion

« Ce PLF renforce tous les dispositifs d’insertion aux publics les plus vulnérables », souligne Élisabeth Borne, considérant que ce budget « doit permettre d’atteindre les objectifs ambitieux de la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté ». Parmi les dispositions mises en avant, figurent les structures de l’IAE qui « bénéficieront de 1,3 Md€, soit une augmentation de 150 M€ par rapport à 2021 ». « Ces nouveaux moyens doivent permettre d’atteindre l’objectif de 240 000 personnes accompagnées en 2022 », ajoute la ministre.

« Les entreprises adaptées recevront 425 M€ d’aides au poste ; l’objectif est d’accompagner 50 000 personnes en situation de handicap en 2022 », poursuit la ministre. « Par ailleurs, nous finançons l’élargissement de l’expérimentation ‘Zéro chômeur de longue durée’. Un budget de 33 M€ y sera consacré. » « Enfin, pour répondre à l’emploi dans les QPV, un nouveau budget de 387 M€ permettra la montée en charge des emplois francs », précise Élisabeth Borne.

Investissement dans les compétences

« Le budget 2022 poursuit l’investissement sans précédent [pour] la formation et les compétences des actifs qu’ils soient salariés ou demandeurs d’emploi », affirme la ministre du Travail. En premier lieu, « le PIC bénéficiera d’un nouvel engagement de 3 Md€, ce qui porte le montant global engagé sur l’ensemble du quinquennat à 13,6 Md€. Cela permettra d’atteindre la cible de 2 millions d’entrées en formation financées par le PIC sur l’ensemble du quinquennat ». Et d’ajouter qu’elle « compte beaucoup sur les futurs avenants des Pric », pour « orienter les crédits vers les formations répondant aux besoins des entreprises ».

Élisabeth Borne revient aussi sur le plan de réduction des tensions de recrutement annoncé fin septembre par le Premier ministre, Jean Castex. « Le texte initial n’intègre pas ces annonces. Nous souhaitons agir au plus vite, c’est la raison pour laquelle des crédits seront prévus dès le PLFR 2021 ; ils seront complétés par un amendement au PLF 2022 que le gouvernement présentera en séance », précise la ministre.

Ce plan de 1,4 Md€ « se décompose en deux volets : 600 M€ pour renforcer la montée en compétences et la reconversion des salariés par le financement de 350 000 entrées en formation en 2021 et 2022 ; et 800 M€ pour amplifier l’effort de formation des demandeurs d’emploi en ouvrant environ 100 000 places supplémentaires sur 2021 et 2022 ». En direction des chômeurs, Élisabeth Borne rappelle que le ministère privilégie les « formations en situation de travail » et incite « fortement les entreprises à embaucher en contrat de professionnalisation les demandeurs d’emploi de longue durée ».

Hausse du plafond d’emplois

En fin d’intervention, Élisabeth Borne revient sur les budgets de fonctionnement de sa politique. « Pour la première fois depuis 10 ans, il est prévu une hausse du plafond d’emplois du ministère », se félicite-t-elle. « Ces nouveaux effectifs viendront renforcer les services déconcentrés » du ministère pour la mise en œuvre du « plan de contrôle du recours à l’activité partielle », le déploiement du « nouveau réseau délégué à l’accompagnement des reconversions » et l’aide aux chefs d’entreprise pour « mobiliser les dispositifs destinés à maintenir les salariés dans l’emploi et à conserver les compétences ».

Parallèlement, « l’État assure le bon financement de Pôle emploi pour que l’opérateur ne subisse pas les conséquences des pertes de recettes engendrées par la crise ». « La subvention socle est complétée par une subvention exceptionnelle de 175 M€ de la mission Relance » et « s’y ajoute un nouveau financement européen de 463 M€ qui permettra de recruter 1 300 conseillers dédiés à l’AIJ ». Enfin, « les missions locales verront à nouveau leur budget conforté à hauteur de 596 M€ [en CP] pour 2022 ». De plus, « nous allons neutraliser la part sur objectifs des Missions Locales comme nous avons déjà eu l’occasion de le faire l’an dernier », avance la ministre

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