Pouvez-vous revenir sur le contexte ayant conduit à la création de cette thématique nationale ?
La création de cette commission illustre le choix stratégique et politique de l’UNML de s’investir pleinement et durablement sur la question de la ruralité. La ruralité représente 80 % du territoire français, et un tiers de la population y réside. Il est donc primordial que notre réseau s’empare de ce sujet, non seulement sur le plan opérationnel, mais aussi politique, afin de faire entendre les problématiques spécifiques des jeunes ruraux et d’y apporter des réponses concrètes. Cette initiative s’inscrit également dans une dynamique nationale. En témoignent la tenue prochaine d’une commission gouvernementale dédiée à la ruralité, chargée d’évaluer les avancées législatives en la matière, ou le récent rapport de l’IGAS, sur la pauvreté des jeunes ruraux, qui doit nous interpeller. À travers nos travaux et réflexions, nous avons l’ambition d’y apporter la contribution du réseau.
Qu’est-ce qui vous a incité à devenir élu référent sur ce sujet ?
La ruralité fait partie de ma vie. Je suis né et je vis dans l’Oise, où j’ai travaillé dans l’industrie pendant 40 ans, avant d’occuper des fonctions d’élu régional et municipal. Je suis donc à la fois personnellement concerné et fortement investi sur ces enjeux. C’est pourquoi j’ai naturellement accepté la proposition du président Valli de devenir élu référent sur cette thématique.
Une autre motivation est de pouvoir, en cette qualité, travailler sur la traduction opérationnelle et institutionnelle des recherches et conclusions du dossier de la prochaine édition de Grand Angle, publication de l’observatoire national du réseau des Missions Locales, qui porte justement sur la Ruralité.
Un groupe de travail a été constitué pour nourrir les réflexions de la commission. Pouvez-vous nous en présenter l’organisation et les objectifs ?
Ce groupe a été créé en 2025, suite à un appel à participation lancé au réseau. Il est actuellement composé d’une vingtaine de membres, des directeurs et des présidents de structures. Nous nous sommes déjà réunis deux fois, ce qui nous a permis de commencer à structurer nos axes de travail. La troisième réunion s’est déroulée dernièrement sur toute une journée en présentiel. Je ressens une forte motivation de la part des participants. C’est une thématique vaste, complexe, mais essentielle pour les jeunes de nos territoires. Chaque membre en est conscient et animé par la volonté d’agir. Je précise d’ailleurs que le groupe reste ouvert : les membres du réseau peuvent encore nous rejoindre s’ils souhaitent contribuer à cette dynamique.
En tant qu’élu local et président d’une Mission Locale en zone rurale, quelles sont les principales problématiques auxquelles les jeunes sont confrontés ?
Les problématiques sont multiples : accès à la formation, à la santé, au logement… Mais la principale reste la mobilité, qui est encore plus complexe pour un public jeune. Entre l’âge requis pour passer le permis, les difficultés pour l’obtenir et, ensuite, pour financer l’achat d’un véhicule, les freins sont nombreux. La situation varie d’un territoire à l’autre, selon les politiques mises en œuvre. Par exemple, dans mon département une aide au permis de conduire a été mise en place et dans ma région des voitures sont mises à disposition pour une somme modique, pour aller vers son premier emploi. Mais il n’y a pas une équité suffisante à l’échelle nationale.
Quelles sont les perspectives et les actions envisagées au sein du groupe de travail ?
Notre premier objectif est de définir précisément ce qu’est la ruralité, ou plutôt les ruralités, car il ne s’agit pas d’un bloc homogène : le contexte diffère selon la géographie, la proximité des agglomérations, sans oublier les spécificités des territoires ultramarins. Pour cela, nous allons nous appuyer sur les définitions de l’INSEE, de l’ANCT, mais également sur les rapports de l’IGAS et de France Ruralité, afin de construire une définition qui servira de cadre à nos actions. Nous allons également recenser les initiatives existantes dans le réseau. Cela permettra aux structures de s’inspirer des bonnes pratiques et de gagner en efficacité dans leurs propres projets. Enfin, un enjeu central est de positionner les Missions Locales comme des acteurs incontournables, forces de propositions concrètes pour les jeunes ruraux. Cela implique de développer une vision claire, de construire des indicateurs précis, et de porter un message fort auprès des élus et du gouvernement. Dans cette optique, nous avons déjà eu l’occasion, avec les membres de l’observatoire, de rencontrer Françoise GATEL, ministre déléguée chargée de la ruralité, qui a pu constater l’engagement de l’Union sur ce sujet.
Les directions et présidences souhaitant s’impliquer dans ce groupe de travail sont invitées à prendre attache avec Frédérique LIS, responsable des relations institutionnelles territoriales à l’UNML.