Publié le 12/02/2024

Enjeux et conditions

La participation est à la une. Citoyen acteur, co responsabilité, usager contributeur… les formules ne manquent pas…Solution clé en main pour remettre de la délibération crédible dans une démocratie représentative à la peine ? Levier pertinent pour lutter contre la défiance généralisée vis-à-vis de l’action publique ? Espoir intense de retisser des liens entre citoyens autour d’une communauté de destin mobilisatrice ? Souhait de faciliter le sentiment d’appartenance, de lutter contre le non recours au droit et de retrouver des modes de conciliation plus apaisés ? Il y a tout cela bien sûr, et au-delà des modes et des formules faciles, on ne peut que se réjouir de cette préoccupation. Car, face à des formes prescriptives, verticales, où la parole de chacun a du mal à franchir le mur du silence, la lassitude est palpable. Et le collectif se nourrit souvent aujourd’hui des clivages voire des haines. Remettre du débat respectueux et attentif ne peut que faciliter la projection vers un monde commun désirable et le déploiement de projets au service de tous. La notion renvoie à des valeurs citoyennes, humanistes…apparemment consensuelles mais pourtant ambiguës dans leur mise en œuvre.

Aller au-delà des bonnes intentions ?

Pourtant, en parler n’engage guère. Nous en avons tous fait l’expérience. Y recourir est important. La faire vivre de manière efficace et sereine est une autre affaire. Une question culturelle ? Les limites de la représentation politique ? Le développement de populismes multiformes qui se nourrissent de l’hostilité, de la défiance et des radicalités ? Nous avons vu les difficultés à transformer du débat en consensus (grand débat, convention citoyenne sur le climat, controverses sur les référendums…). Pourtant, la participation avance. Et elle prend des formes multiples.

Alors, dans ce bref article, nous allons essayer à la fois de clarifier de quoi on parle et d’en préciser les enjeux individuels et collectifs. Nous chercherons ensuite à repérer en quoi la participation est vectrice de mobilisation du public jeune. Et à quelles conditions ? En apportant également un regard sur les impacts en termes de professionnalisme. Et en essayant de prendre en compte quelques ambiguïtés et paradoxes.

De quoi parle-t-on ? une large palette aux finalités diverses

L’étymologie est éclairante : « Participare » : prendre part à une action. Cela renvoie donc à la fois à une action dans un cadre « au-delà de soi ». En somme, prendre sa part dans l’action collective. Et pas uniquement être là. Quand on pousse la définition, on voit vite que participer renvoie à des réalités multiformes.

Tout d’abord, elle ne poursuit pas nécessairement les mêmes finalités. Nous sommes consultés quotidiennement pour donner notre avis, pour apprécier des produits, des services, des professionnels, les séries des plateformes de streaming… On voit bien qu’en l’occurrence, il s’agit surtout de construire des stratégies marketing augmentant la probabilité d’achat d’un potentiel client. Les enjeux démocratiques sont lointains. Il y est plus question de la construction d’un capital réputationnel fondé sur les outils des technologies de communication, amplificateurs d’influence sociale. Mais le mot d’influence sociale peut également être pris selon plusieurs acceptions. Nous verrons que, pour la personne qui participe, il est central qu’elle ait le sentiment de pouvoir avoir un impact, même minime. Ce qui pose la question des nombreuses consultations dites participatives qui sont souvent perçues comme des manières douces de faire accepter des décisions déjà prises. Ou plus largement quand les sujets de consultation sont décalés, voire dérisoires par rapport aux préoccupations et priorités des personnes.

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