Publié le 01/12/2025

Un territoire rural marqué par de fortes fragilités de mobilité

Située au sud-est de la Seine-et-Marne, la Mission Locale du Provinois accompagne chaque année entre 1 300 et 1 400 jeunes. Elle intervient sur un territoire rural, qui partage les problématiques caractéristiques de ces zones : absence ou faiblesse des transports en commun, temps de déplacement importants entre les zones d’activités ou de formation… Une situation qui touche particulièrement les jeunes locaux, comme l’observe depuis plus de vingt ans Sylvie Bochon : « La mobilité est un problème massif : nos jeunes ont peu de moyens, peu de transports à proximité, et le permis reste très difficile à financer alors que c’est indispensable pour leur insertion sociale et professionnelle. »

Une plateforme mobilité pour lever l’ensemble des freins liés à la mobilité

Pour répondre à ces enjeux, la Mission Locale a mis en œuvre une offre de services globale. Intitulée « Plateforme mobilité », elle est pilotée depuis 2024 par Guillaume Hubert, conseiller mobilité, qui accompagne à la fois les jeunes de la Mission Locale et les bénéficiaires du RSA sur l’ensemble du bassin d’emploi.

Accéder au livret de présentation de l’offre de la Mission Locale du Provinois sur le volet mobilité

Ces actions visent à lever l’ensemble des freins rencontrés par les jeunes, qu’il s’agisse des démarches administratives, du financement, de l’apprentissage du code ou du travail sur les appréhensions liées à la conduite. L’objectif est de « lever les obstacles un par un et d’avancer pas à pas avec chaque jeune, selon ses besoins », précise le conseiller.

Concrètement, dès qu’un conseiller identifie un frein (absence de permis, difficultés financières, anxiété ou méconnaissance des transports…), le jeune est orienté vers lui. Selon les besoins et le profil, Guillaume peut proposer un rendez-vous individuel, un atelier ou mobiliser l’ensemble du catalogue d’actions dont dispose la structure.

« Pour travailler avec ces jeunes, je mise beaucoup sur la ludopédagogie, une méthode d’enseignement qui utilise le jeu comme outil pédagogique. Cela me permet de créer des ateliers plus adaptés qu’un format magistral, notamment quand on accompagne des jeunes déscolarisés depuis longtemps. »

Outre ces accompagnements, la structure met à disposition d’autres solutions : prêt de voitures sans permis, de vélos électriques, utilisation du simulateur de conduite présent à la Mission Locale, participation à des simulations d’examen du code de la route ou mobilisation des aides financières disponibles.

Enfin, l’intervention ne s’arrête pas aux murs de la structure : diverses actions de sensibilisation aux conduites à risque (alcool, drogues) sont menées sur les forums auxquels la Mission Locale participe. Ainsi qu’une mise à disposition d’un simulateur de conduite (financé par la Fondation BTP +) dans les locaux du CFA Bâtiment Travaux Publics de Nangis.

Des résultats concrets et des parcours transformés

Au total, 170 jeunes ont été accompagnés en 2024, alors que l’appel à projets initial en prévoyait 100. À l’automne 2025, 140 jeunes avaient déjà été suivis. Des résultats qui ne surprennent pas la directrice : « Dans un territoire où le permis est une demande quasi systématique de la part des employeurs , on sait qu’on n’a pas de problème de prescription. Depuis que je suis là, la mobilité demeure le problème principal de notre territoire. Face à cet enjeu, on doit proposer le meilleur accompagnement possible. »

Parmi ces situations, Guillaume cite plusieurs exemples, dont celui d’un jeune passé d’une alternance à un CDI : « Les passages de bus n’étaient pas compatibles avec ses nouveaux horaires. On lui a prêté un vélo pour ses trajets, tout en finançant son permis AM. Une fois obtenu, on a mis à sa disposition une voiture sans permis, le temps qu’il obtienne son permis. Sans cet accompagnement, il aurait perdu cet emploi. »

Un contexte financier fragile qui menace la continuité des actions

Malgré ces réussites, la structure craint pour la pérennisation de cette offre de services. La Plateforme mobilité — ses actions et le financement du poste de conseiller mobilité — repose essentiellement sur le soutien du département de Seine-et-Marne. La Mission Locale devra répondre à un nouvel appel à projets pour les trois prochaines années.

Or, en raison du contexte budgétaire actuel, le département envisage désormais de financer uniquement les actions destinées aux bénéficiaires du RSA, au détriment des jeunes. « Nous n’avons aucune garantie de pouvoir maintenir un poste à temps plein si cela arrive », explique la directrice.

À cela s’ajoute la baisse générale des financements alloués aux Missions Locales, qui renforce cette incertitude, alors même que la question de la mobilité reste l’enjeu majeur du territoire.

La Mission Locale du Provinois a initié le développement d’un site dédié à la mobilité pour répondre aux besoins croissants des jeunes et des demandeurs d’emploi, notamment sur le territoire de la Seine et Marne. La Plateforme Mobilité Est 77 vise à regrouper en un seul espace toutes les informations et services utiles pour faciliter les déplacements quotidiens. Le site met en avant des solutions adaptées aux profils et aux préférences des utilisateurs. Grâce à une expérience que nous souhaitons personnalisée et interactive, il permet d’accéder rapidement aux ressources nécessaires pour organiser ses trajets en toute sérénité. Elle bénéficie du soutien de la Fondation Crédit Agricole Brie Picardie.

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