Publié le 29/11/2023
Mission Locale de Paris – Photographie : Anouk Desury

Un article d’Alexandra Turpin, AEF, repris avec leur aimable autorisation

La Garantie jeunes n’existe plus depuis mars 2022, date à laquelle elle a été remplacée par le CEJ (Contrat d’engagement jeune). Mais ce dispositif a constitué un tournant pour les missions locales à bien des égards, par son caractère intensif et collectif. Il s’adressait aux jeunes « Neet » en situation précaire et incluait une allocation mensuelle.

Pour le CEJ, qui vise un public plus large, les pouvoirs publics se sont d’ailleurs inspirés des réussites de la GJ. La Garantie jeunes a fait l’objet d’une expérimentation à partir de 2013, avant une généralisation en 2017. Des travaux d’évaluation ont été menés, mettant en avant des effets positifs sur l’emploi. En revanche, l’articulation avec le Pacea était, jusque-là, peu documentée. C’est l’objet d’une étude de la Dares (1), publiée jeudi 23 novembre 2023. Elle s’intéresse aux différences de profils et d’accompagnement, sur la période 2019-2021.

30 % des parcours incluent une Garantie jeunes

La Garantie jeunes ne concernait qu’une minorité de jeunes accueillis en mission locale. Entre 2019 et 2021, 994 500 Pacea (Parcours contractualisés d’accompagnement vers l’emploi et l’autonomie) ont été clôturés. 30 % de ces parcours incluaient une Garantie jeunes. La Garantie jeunes constituait, en effet, une modalité du Pacea. Contrairement au CEJ qui est un parcours distinct.

Durant le Pacea, le jeune pouvait entrer en Garantie jeunes pour une durée initiale de 12 mois. « Les jeunes dont le Pacea inclut une Garantie jeunes restent plus longtemps dans le dispositif », révèle la Dares. La moitié y était encore 21 mois après l’entrée en Pacea, contre un quart des jeunes dont le parcours n’incluait pas de Garantie jeunes.

Un conseiller pouvait proposer à un jeune d’entrer en Garantie jeunes à tout moment de son parcours. Dans les faits, la décision était généralement prise assez tôt. Ainsi, 81 % des jeunes faisant pris en charge en Garantie jeunes y étaient inscrits dans les trois mois suivant leur entrée en Pacea. « Pour les jeunes entrés plus tard en Garantie jeunes, l’accompagnement plus léger du Pacea peut constituer un sas transitoire permettant de lever certains freins à un accompagnement plus intensif (mobilité, hébergement, etc.) avant de débuter une Garantie jeunes », analyse l’étude.

Davantage d’entretiens et de temps collectifs

L’accompagnement plus intensif en Garantie jeunes s’est traduit par davantage d’entretiens. Le nombre mensuel moyen d’entretiens était deux fois plus élevé pour les jeunes en Pacea avec Garantie jeunes (un par mois, contre un tous les deux mois).

Au cours du Pacea, l’accompagnement est principalement individuel : 86 % des jeunes qui ne suivaient pas une Garantie jeunes ne bénéficiaient d’aucun atelier et 90 % d’aucune information collective. À l’inverse, le principe de la Garantie jeunes était d’inclure un accompagnement collectif dans le parcours. Ainsi, 94 % des jeunes en Garantie jeunes assistaient au moins à un atelier, et une très large majorité en fait au moins cinq au cours de son parcours.

Les bénéficiaires d’un Pacea sans Garantie jeunes étaient moins souvent en formation durant leur parcours (24 %) que les bénéficiaires d’un Pacea avec Garantie jeunes (35 %). « Il en va de même pour l’immersion professionnelle (15 % contre 59 %), ce qui peut s’expliquer par des actions spécifiques dans le cadre de la Garantie jeunes », précise la Dares.

Un soutien financier régulier en Garantie jeunes

Le soutien financier est également une des grandes différences entre les deux dispositifs. Les aides financières sont perçues de manière ponctuelle pour le Pacea et récurrente pour la Garantie jeunes. « L’allocation Pacea n’est pas versée automatiquement : elle dépend des besoins des jeunes et de l’enveloppe d’allocation mise à disposition des conseillers », rappelle la Dares. Elle vise à soutenir ponctuellement la démarche d’insertion du jeune dans l’emploi et l’autonomie (prise en charge d’un coût de transport, achat d’une tenue appropriée pour passer un entretien professionnel, financement du permis de conduire, etc.).

En moyenne entre 2019 et 2021, 35 % des jeunes en Pacea sans Garantie jeunes percevaient au moins une fois l’allocation Pacea lors de leur parcours, pour un montant total moyen de 463 € par bénéficiaire aidé. La Garantie jeunes étant une modalité du Pacea, les jeunes qui en bénéficiaient pouvaient aussi percevoir ponctuellement une allocation Pacea (avant leur entrée en Garantie jeunes ou après leur sortie) ; en moyenne entre 2019 et 2021, c’était le cas de 35 % d’entre eux. Sur l’ensemble de leur parcours, ils percevaient en moyenne 351 € d’allocation Pacea, soit un montant moins élevé que les jeunes seulement en Pacea.

Ils étaient, en revanche, beaucoup plus accompagnés financièrement par le biais de l’allocation Garantie jeunes versée chaque mois, sous conditions de ressources. Ainsi, tout au long du parcours, 98 % des jeunes percevaient au moins une fois l’allocation Garantie jeunes, 80 % d’entre eux pour un montant moyen mensuel supérieur à 400 €.

Des jeunes plus éloignés de l’emploi en Garantie jeunes

La Dares s’intéresse, aussi, aux profils des personnes qui intégraient ces dispositifs. Les bénéficiaires étaient plus âgés en Pacea. Parmi l’ensemble des sortants de Pacea de 2019 à 2021, 12 % avaient moins de 18 ans lors de leur entrée dans le dispositif, et 58 % entre 18 et 21 ans. Lorsque le Pacea incluait une Garantie jeunes, 16 % des bénéficiaires étaient mineurs, et 65 % étaient âgés de 18 à 21 ans.

En lien avec le public ciblé, les jeunes en Pacea étaient moins diplômés que l’ensemble des 16-25 ans qui n’étaient plus en formation initiale en 2019. 36 % des jeunes passant par un Pacea sans Garantie jeunes et 43 % des jeunes bénéficiant d’une Garantie jeunes n’avaient pas de diplôme à leur entrée dans le dispositif, contre 5 % des jeunes de 16-25 ans sortis de formation initiale. À l’inverse, 3 % des jeunes passant en Garantie jeunes étaient diplômés du supérieur en entrant dans le dispositif, contre 39 % des jeunes de 16-25 ans sortis de formation initiale.

Le profil des jeunes différait selon que le parcours en Pacea incluait ou non une Garantie jeunes. Les jeunes les plus éloignés du marché du travail semblent ainsi avoir davantage bénéficié d’une Garantie jeunes que les autres. « En revanche, une fois cette orientation réalisée, le profil des jeunes semble peu influer sur le déroulement du parcours », remarque la Dares.

« Une grande homogénéité des parcours »

La durée passée en Pacea, le délai d’entrée en Garantie jeunes, l’intensité de l’accompagnement ou la fréquence de perception d’allocation varient peu selon les caractéristiques à l’entrée du bénéficiaire. « Cela traduit une grande homogénéité des parcours qu’il s’agisse du Pacea seul, ou de la Garantie jeunes incluse dans un Pacea », souligne l’étude.

Quelques différences sont cependant à noter. Les jeunes résidant en QPV (Quartiers prioritaires relevant de la politique de la ville) ont eu des parcours plus longs que la moyenne, avec ou sans Garantie jeunes, tandis que les diplômés du supérieur avaient des parcours plus courts que la moyenne. L’entrée en Garantie jeunes était moins rapide pour les mineurs et les non-diplômés du supérieur lors de leur entrée en Pacea. « Le début de Pacea [pouvait] les aider à se préparer à respecter les engagements contractuels de la Garantie jeunes, avec par conséquent une entrée plus tardive dans le dispositif », rapporte la Dares.

Enfin, les diplômés du supérieur sont moins souvent entrés en formation, tandis que les mineurs faisaient plus souvent des immersions. Pour les jeunes étrangers, l’étude fait état de davantage de formations et de moins d’immersions.

(1) Camilia Kashi, Cindy Reist, Mathieu Sigal (Dares).

Retrouvez ici le rapport dans son intégralité.

Retour