Publié le 07/09/2021

A suivre dans un prochain numéro : Eloïse et Adrien, deux jeunes accompagnés par le Lab’O dans le cadre de la création de leur activité, témoigneront de leurs expériences.

photo-groupe-labo-le-havre
Photo : Les jeunes porteurs de projet, entourés des mécènes et des partenaires institutionnels et des entreprises. Deuxième personne en partant de la droite : Agnès Canayer, présidente de la Mission Locale Le Havre Estuaire Littoral et vice-présidente de l’UNML,

Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de créer cet espace particulier du Lab’O ?

D’une part, les statistiques de l’Agence France Entrepreneur issues d’une enquête nationale réalisées auprès des jeunes en 2014 (1) faisaient apparaître une forte demande du public jeune de s’orienter vers l’entrepreneuriat. Cela nous a donné l’idée de réfléchir à cet axe.

D’autre part, un groupe de jeunes accompagnés par la Mission Locale, en lien avec une école de management de Normandie, a aussi réalisé une enquête sur le même thème.

Rattachée au Pôle Innovation   Développement de la Mission Locale, l’équipe du Lab’O est composée de Delphine Morlot-Robach, chargée de projet, et de Mathilde Le Masle, conseillère Emergence de projets et entrepreneuriat.

Pouvez-vous nous en dire plus sur les résultats l’enquête de terrain menée par les jeunes ?

Cette enquête nous a permis d’identifier l’offre de service existant en lien avec l’entrepreneuriat sur notre territoire. Force était de constater qu’il y avait beaucoup de partenaires proposant des actions pour les personnes qui avaient déjà avancé dans leur projet mais aucun ne proposait d’accompagnement sur la méthodologie pour transformer une idée en projet. De plus, les portes n’étaient pas forcément ouvertes au public jeune, mais plutôt au public plus âgé.

Du côté de l’offre de service de la Mission Locale, celle-ci était trop souvent centrée sur la création ou la reprise d’entreprise, et n’abordait pas forcément la notion de projet et d’entrepreneuriat au sens large (activités et projets professionnels et extra-professionnels). Il manquait également des outils et des ressources favorisant l’émergence, la détection et la mise en œuvre de l’esprit d’entrepreneuriat chez les jeunes. A émergé aussi le besoin d’un lieu d’accueil dédié et adapté.

L’enjeu pour nous était donc de venir compléter l’offre de service de la Mission Locale, en l’inscrivant dans l’écosystème des acteurs liés à l’entrepreneuriat sur notre territoire pour les jeunes.

Vous savez choisi de vous implanter en plein cœur de ville. Quelle en a été la raison ?

Habituellement, les locaux de la Mission Locale se trouvent dans les quartiers pour être au plus près des jeunes. L’important pour nous ici était de se positionner dans un lieu accessible à tous, que l’on soit, ou pas, accompagné par la Mission Locale.

Nous avons aussi imaginé des espaces intérieurs différents. L’idée était de concevoir cet espace comme un lieu de vie et d’échanges. C’est pourquoi le Lab’O comprend près de 200 m2 aménagés avec un grand espace central et différents îlots tous équipés de matériel multimédia.

Comment se déroule l’accompagnement au sein du Lab’O ?

Il y a 3 types de publics qui peuvent être intéressés : les jeunes en Garantie jeunes sensibilisés lors d’ateliers collectifs ; les jeunes qui se posent des questions sur l’entreprenariat ; et enfin ceux pour lesquels le projet est uniquement lié à la création d’entreprise.

Un diagnostic avec la conseillère du Lab’O est réalisé à l’issue duquel deux parcours sont proposés : le Parcours d’entraînement à la création (PEC) ou un accompagnement sur mesure reposant sur une alternance de rendez-vous avec un conseiller Lab’O et un mécène qui interviendront sur des besoins spécifiques au jeune.

Le Parcours d’entraînement à la création est un parcours en collectif (5 à 7 jeunes) proposé à un jeune qui a besoin de voir l’intégralité des étapes pour créer une entreprise. Il reprend tous les éléments à connaître quand on veut créer son entreprise : élaboration du modèle économique, éléments juridiques, factures, ventes, objections, démarchage, marketing, immobilier, négociation, assurances, etc.

Au cours de ce parcours, chaque jeune est suivi par un conseiller pour débriefer sur l’évolution de son projet.

Vous faites intervenir des mécènes auprès des jeunes. Comment se déroule la transmission des connaissances par ces derniers ?

La première étape est d’identifier dans nos réseaux de partenaires des mécènes qui ont envie de transmettre. Ensuite, nous «évaluons» leur capacité à transmettre leur savoir, le tout de manière ludique. Cette personne vient donner de son temps à titre gracieux en intervenant sur des thématiques spécifiques liées à l’entrepreneuriat. L’idée est en effet de proposer une pédagogie adaptée à nos publics, qui sont parfois en rébellion contre un type d’enseignement plus « classique ».

Envisagez-vous de déployer le Lab’O à une plus grande échelle ?

Tout d’abord, à l’échelle du territoire d’intervention de la Mission Locale Le Havre Estuaire Littoral, nous souhaitons rendre notre méthodologie accessible à tous les jeunes, grâce à la numérisation des contenus et ainsi lever les freins liés à la mobilité et la disponibilité du public.

A l’échelle régionale, en répondant aux sollicitations d’autres Missions Locales, nous prévoyons d’expérimenter, en premier lieu, la transmission de notre savoir-faire et de notre méthodologie au sein de Missions Locales de la Région Normandie. Nous allons engager une démarche de réflexion avec l’ARML pour étudier les modalités d’essaimage.

(1) Enquête Pôle emploi : les principaux enseignements (source : Agence France Entrepreneur)
L’enquête montre que les jeunes de moins de 30 ans rencontrent des difficultés pour entreprendre alors qu’ils estiment majoritairement que l’entrepreneuriat est un choix de carrière intéressant.
– 52% des moins de 30 ans estiment que «l’entreprenariat est le choix de carrière le plus intéressant ».
– 36% d’entre eux ont entamé au moins une fois une démarche entrepreneuriale.
– Près de 1 entrepreneur français sur 4 avait moins de 30 ans en 2014. Un chiffre qui témoigne de la volonté de la jeune génération de créer sa propre société.
– Un désir de création d’entreprise s’accompagnant toutefois de craintes : la complexité des démarches administratives (36 %), l’investissement financier trop important (30%), le risque d’échec (20%), le fait de ne pas savoir s’y prendre (19%).

Retour